La carte de randonnée par Jean-Marie Klinkenberg

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Mots clés

sémiotique, signes, Jean-Marie Klinkenberg, carte, langage, culture, communication, linguistique, représentation, interprétation

Sommaire

Dans cet épisode inaugural du podcast Signes, Sophia Burnett reçoit Jean-Marie Klinkenberg, linguiste et sémioticien, pour explorer la notion de signe à travers le prisme d'une carte d'état-major. Klinkenberg discute de la relation entre signes et réalité, de la grammaire des signes, et de la variabilité des signes dans le temps et l'espace. Il souligne l'importance des signes dans la communication et leur rôle en tant qu'outils culturels et conventionnels.

00:00 Introduction au Signe et à la Sémiotique

03:00 La Carte comme Signe : Une Exploration

10:38 Grammaire des Signes : Motivés et Arbitraires

20:50 Le Signifiant et le Signifié : Concepts Clés

30:31 Les Usages des Signes dans la Vie Quotidienne

38:40 La Création et l'Évolution des Signes

49:52 Variabilité des Signes : Culture, Temps et Espace

01:02:59 Conclusion : Une Sémiotique Engagée et Corporelle

 

Transcription automatique

Sophia Burnett(speaker-0) (00:00)

Bienvenue sur Signes, le podcast dédié aux signes. Chaque épisode est centré sur un signe unique choisi par l'invité. Il peut être visuel au sonore, icône, symbole, indice, geste, inscription, objet, tout ce qui lui parle. Nous examinons le fonctionnement du signe, les contextes dans lesquels il apparaît et les manières dont il est interprété.

Pour cet épisode inaugural, c'est un immense honneur d'accueillir Jean-Marie Klinkenberg, linguiste, semioticien et professeur émérite à l'Université de Liège. Figure majeure de la semiotique contemporaine et membre de l'Académie Royale de Belgique, il a renouvelé la rhétorique et orienté la semiotique vers ses dimensions sociales et cognitives, notamment au sein du groupe MU. Ses travaux

traduites dans de nombreuses langues ont profondément marqué la théorie du signe et l'étude des cultures francophones.

Bonjour, Jean-Marie Klinkenberg. Merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation pour ce nouveau podcast dédié aux signes. Je suis également ravie d'être chez vous. Vous m'avez invité à prendre le café qui est très bon d'ailleurs. Et je voulais aller tout de suite à votre signe. Je suis vraiment fascinée par votre choix.

Jean-Marie Klinkenberg (speaker-1) (01:47)

plaisirait pour moi.

speaker-0 (01:57)

Et j'ai hâte de savoir ce que vous allez nous en dire sur votre choix de signe.

speaker-1 (02:02)

La carte de géographie, mais pas n'importe quelle carte de géographie. La carte que dans ma jeunesse, lorsque j'étais boy scout, on appelait la carte d'état-major. Car ça, en fait toujours quand même les militaires qui sont derrière les cartes. On sait que la géographie, sert à faire la guerre. Donc j'ai choisi la carte d'état-major qu'on appelle aujourd'hui carte de randonnée. Parce que même si ça reste le même genre de carte, ⁓

speaker-0 (02:22)

⁓ !

speaker-1 (02:32)

extrêmement précise. On y trouve aussi beaucoup d'indications touristiques, par exemple les sentiers de Grandes-Randonnées. Plus particulièrement, n'ai pas choisi n'importe quelle carte puisque vous travaillez en France et je choisis une carte française. Et j'ai choisi une des cartes de la Corse, la carte sur laquelle on trouve le golfe de Valinco.

On n'est pas là pour faire du tourisme, même si, quand même, la Corse, on pourrait en dire beaucoup de choses. D'abord, on est là pour faire de la sémiotique, pour expliquer à quoi servent les signes et comment ils sont construits. Alors, comment on traite tout de suite par dire qu'avoir choisi la carte, ça tombe bien, parce qu'il a un dicton qui dit « la carte n'est pas le territoire ». Et donc, on peut...

élargir la perspective et dire que le chine, ce n'est pas la chose. Il a un rapport, évidemment, entre le chine et les choses. Il a des gens qui sont amoureux des photos plutôt que de la personne aimée. Il a des gens qui, devant des signes, éprouvent les mêmes choses que devant la réalité. Donc il a un rapport. Il y a un rapport sans aucun doute, mais en même temps, ce n'est pas la même chose.

speaker-0 (03:40)

speaker-1 (03:56)

Donc la carte n'est pas le territoire et ça illustre donc bien la définition du signe que donnaient les anciens, le donnant latin pour faire snobs, aliquit stat pro aliquo, ce qu'on peut traduire par quelque chose qui est là pour quelque chose. Définition qui est peut-être insuffisante. D'abord, premièrement, on devrait dire quelque chose qui est là pour quelque chose d'autre.

speaker-0 (04:15)

speaker-1 (04:24)

On n'est pas le signe de soi-même, une photo n'est pas le signe d'elle-même, mais on est toujours là pour quelque chose d'autre. Et on devrait peut-être ajouter même quelque chose qui est là pour quelque chose d'autre aux yeux de quelqu'un. Parce qu'évidemment, mon chat qui est là peut-être derrière la porte, qui est un superbe British shorter,

speaker-0 (04:29)

speaker-1 (04:52)

Ben lui, il s'en fiche des cartes. Il ne connaît pas. C'est très sophistiqué, une carte. Il ne sait pas la lire. Donc quelque chose qui est là pour quelque chose d'autre, aux yeux de quelqu'un, pour servir à ce quelqu'un. Et donc parce que ce qu'on peut reprocher à la sémiotique, c'est souvent de décrire les choses avec quelqu'un qui décrit le monde en disant Regarde, ça fait tic tac, il a rouages ici », donc décrire toute la logique interne.

speaker-0 (05:13)

Euh... Com...

speaker-1 (05:21)

mais en oubliant que ça sert à quelque chose. Et non, ça sert à savoir l'heure. Maintenant que les montes sont connectées, ça sert aussi à recevoir des coups de fil ou des messages, etc. Donc, si vous voulez bien, on va parler de la carte en distinguant bien d'une part la manière dont elle est construite, appelons ça sa grammaire, si vous voulez. Et ce qui est peut-être le plus important est que la semiotique oublie à quoi elle sert. Et donc, coup, pourquoi elle sert ?

speaker-0 (05:45)

et

speaker-1 (05:50)

Ça nous amènera à dire qu'il a une très grande variété de cartes. Carte de routière, c'est pas la carte de randonnée, ce n'est pas la carte très schématique qui est à l'appelant du métro par exemple. Pourquoi ? Parce que ça sert à des choses différentes. Bien, alors du point de vue...

speaker-0 (06:04)

...

Deux... Deux...

speaker-1 (06:15)

de la grammaire. Rappelons-nous d'abord qu'il existe des signes. Les signes bioticiens ne veulent plus beaucoup parler de cette opposition, dont ce signe motivé est arbitraire. Donc les signes dits motivés sont des signes dont la structure est liée manière causale ou d'une toute autre manière, sur lesquelles je vais venir, à la réalité représentée. Par exemple, vous êtes en train

de boire une tasse de café, la table sur laquelle nous parlons est en verre. Si vous déposez la table de café, on va trouver en rond du condensation sur la table de verre. peut donc dire, lorsque vous serez ici, la trace de condensation est encore là, peut dire, tiens, il y a eu un verre ou une tasse de café, il y a eu un objet, la base circulaire qui est là. Il y a eu une espèce de rencontre physique telle que la trace

qui est là, nous indique qu'il y a eu un phénomène physique qui est la présence de la tasse sur la table. Donc traditionnellement on appelle ça des indices qui sont donc causalement motivés comme la direction que prend le drapeau qui indique la direction du vent et sa force comme

les sacs d'eau qu'on trouve sur la joue de quelqu'un qu'on a giflé, comme la chaleur du lit et la trace de l'adultère que Louisier vient constater. des signes qui sont causalement produits. En ce qui concerne la carte, par contre, on a aussi un signe qui est motivé en ce sens que...

Sa structure, couleurs, etc. n'est pas indépendante complètement de la réalité représentée. Alors la carte n'est pas le territoire. Non, d'accord. Il n'empêche quand même que la répartition des masses sur la carte correspond à la répartition des masses dans la réalité. Par exemple, la carte que j'ai sous les yeux est donc la carte de Corse où il a le golfe de Valinco. Mais nous avons des zones bleues.

qui représente la mer et ses zones bleues suivent un certain tracé. Ce tracé, c'est la côte. De temps en temps, il des angles très forts. Elles correspondent à un cap dans la réalité. Des échanges crues dans ces zones bleues correspondent à une avancée de terre. La pointe de Campomoro qui s'avance dans la mer. Donc, il y a un rapport entre les deux.

speaker-0 (09:03)

⁓ euh...

speaker-1 (09:05)

Ici, ce rapport n'est pas du tout le même que dans cas de la tasse de café. C'est un rapport où nous avons une forme de commensurabilité. Autrement dit, la réalité qu'est la Corse, elle est mesurable avec le systémétrique. D'autres caractéristiques sont mesurables. Si par exemple je fais une photo, je verrais des zones sombres, des zones claires, donc il a des phénomènes physiques.

qui sont des contrastes de luminosité sur la carte.

speaker-0 (09:37)

des

speaker-1 (09:39)

des dimensions, ou des zones claires et des sondes. Donc il y a une forme de commensurabilité. Mais justement, comme la carte n'est pas le territoire, on a obtenu le...

la carte moyennant toute une série d'opérations, qu'on peut appeler des modélisations. La modélisation la plus simple, par exemple, qui vient en tête, c'est que, quoiqu'on dise certain, la Terre est un globe. Il y a beaucoup de gens aujourd'hui qui disent qu'elle est plate. Je vois ça sur Internet, c'est dingue. Donc la Terre est un globe et la carte est plate. Alors qu'est-ce qu'on fait ? ⁓

speaker-0 (09:57)

...

speaker-1 (10:20)

une opération qu'on décrit dans la géométrie, j'appelle la projection. Alors, ces projections, il a même beaucoup de projections. Alors, est-ce qu'on va faire une projection en partie d'un point particulier ? Est-ce qu'on va faire une... Et donc, déjà, là, j'anticipe sur la question que je voulais aborder plus tard, qui était à quoi ça sert le signe. Parce que les projections qu'on va choisir, elles ne sont pas innocentes. Il y a des projections qui vont faire qu'une carte va bien répondre

respecter les proportions des territoires. D'autres, voilà, pareil. Alors ça, sert à quoi ? Par exemple, un géomètre qui est payé par le cadastre au moment où on calculer l'impôt des personnes, c'est très important. Il a des cartes où il puisse regarder les superficies de manière très nette. Dans d'autres cas, non, la superficie n'est pas respectée.

On critique beaucoup la projection de Mercator, les cartes que nous voyons dans les Atlas. On voit que le Groenland, Donald Trump veut acheter sans doute parce que tout petit s'est rendu compte que c'est un grand pays, je le veux pour moi. Donc c'est très grand. Mais en fait, non, le Groenland apparaît comme plus grand, aussi grand que l'Afrique alors qu'il beaucoup plus petit. Ici, la projection dite de Mercator ne respecte pas les superficies. Donc nous avons des cartes qui respectent

speaker-0 (11:27)

...

speaker-1 (11:49)

Les angles, c'est très important pour un marin parce que lui, ce qu'il faut, c'est pouvoir suivre un cap, tracer un cap, suivre un cap. Une qui respecte les angles, mais qui ne respectera pas la superficie. Une, superficie. Dans d'autres cas, j'ai parlé du métro. Qu'est-ce qui nous intéresse quand on est passagers dans le métro ? On s'en fout un peu de savoir s'il monte ou si ça monte pas, si ça descend ou si ça remonte, si ça tourne. Non, ce qui nous intéresse, c'est...

speaker-0 (12:03)

...

speaker-1 (12:19)

Le point A et puis le point B et le point C. Moi, je veux descendre à la station C. Donc, il est important d'avoir une succession. Donc, a des techniques dans les signes qui sont comme mensurables, comme la carte. Mais c'est le cas de la photo aussi ou du portrait, etc. Dans les signes comme mensurables, nous avons donc des transformations. ne veut pas dire qu'on a pris, quand on fait une photo, qu'on a pris votre tête et qu'on l'a écrasée sur la photo.

non ! Transformation, ce mot pour moi désigne un type de projection, une échelle. Toutes les cartes ici sont au 25 mième. Toutes les cartes européennes sont au 25 mième maintenant. Donc un centimètre sur la carte représente 250 mètres de... Il y avait des cartes au 20 mième. Moi j'ai commencé à faire de la randonnée, des cartes au 20 mième.

speaker-0 (12:53)

modèle.

speaker-1 (13:19)

mais maintenant ils sont dans beaucoup d'endroits. 25e, c'est le cas dans la carte de randonnée française, c'est cas dans la carte belge, mais dans la carte luxembourgeoise, est resté fidèle au 20e. Donc voilà, le 25e, c'est donc une échelle, une réduction, et cette réduction va être appliquée à tout. Hôtes comme routes, etc.

speaker-0 (13:46)

Alors, euh...

speaker-1 (13:48)

nécessairement comme je viens quand même de suggérer, même dans les signes d'immotivés, y a énormément d'arbitraires. Alors, quelle projection va-t-on choisir ? Quelle échelle va-t-on choisir ? Ce sont des décisions arbitraires que l'on prend donc en fonction de l'utilisation qu'on en a. De même les couleurs. Ici, le bleu des gynamares. Alors, c'est vrai qu'en force,

speaker-0 (14:10)

Voilà.

...

speaker-1 (14:18)

peut avoir l'impression que la mer est bleue. Mais moi, j'habite ici dans un pays où la mer n'est pas bleue. J'habite en Belgique, j'ai petite maison en Normandie. Je vous assure qu'on est plutôt dans le gris, dans le brun, dans le vert, et éventuellement un peu dans le violet. Ça dépend. Ça change tout le temps d'ailleurs. Mais il n'empêche que les cartes, comme la carte de Corse, le golfe de Valinco est en bleu, mais la même carte

speaker-0 (14:23)

Je

...

speaker-1 (14:48)

En Normandie, du côté d'Etreta, sera bleu aussi, alors que la mer n'est pas bleue. Donc le choix du bleu, c'est une pure décision arbitraire. Je vois bien pourquoi on a pris du bleu plutôt que du rouge. C'est parce que certains disent que la mer est bleue. Moi, j'ai mis du temps avant de voir une mer bleue. J'avais un âge adulte. Et vous voyez, il a des couleurs vertes aussi.

On dit que c'est normal, le vert c'est la couleur de la nature. Mais c'est une décision arbitraire de dire que le vert c'est la couleur de la nature. Il a des déserts dans la nature, ils ne pas verts. Alors c'est vrai que le vert c'est la couleur de l'herbe, de l'arbre quand il a ses feuilles. Sinon il n'est pas vert. Donc voilà, on a mis du vert.

speaker-0 (15:23)

euh, ja

Alors,

speaker-1 (15:40)

On a mis des vers de manière un petit peu différente. Ou bien on a mis des piscines, des petites boules. Et ça, ça ne correspond à rien, n'est-ce pas ? Et les boules, veut dire une forêt, une forêt de feuillus. Des petits triangles et on dit, voilà, ça c'est des forêts de conifères. On voit bien d'où ça vient. On a la représentation prototypique du sapin, Noël, Christmas, triangulaire. Et donc...

Cognifère à cause des sapins triangulaires. Mais en Corse, a pas de sapins triangulaires. Il n'empêche qu'on a mis des petits triangles là où il y a des pelles à riciots, par exemple. Et on a mis des petites boules là où il a des feuillus. Alors, bien sûr, les arbres, lorsque les petits enfants les dessinent, on leur apprend à les faire des arbres en boules. Mais c'est rare qu'on voit réellement un arbre en boules. Il faut vraiment qu'on les taille.

speaker-0 (16:18)

...

speaker-1 (16:40)

très rapidement envoyés dans les signes dit motivés. avons énormément de choses qui sont purement conventionnelles. Les types de transformation, les échelles, les couleurs sont conventionnelles, les petits signes sont conventionnelles et même les dimensions quand je dis l'échelle, ne pas toutes toujours respectées, ces échelles par exemple. Sur la carte que j'ai sous les yeux, il a des routes.

Il a des routes. Alors si je m'amusais à agrandir la carte et à mesurer la largeur de la route en appliquant l'échelle d'un 25e, j'arriverais à des routes qui auraient 15 ou 20 mètres de large. Et c'est jamais vrai ! En Corse, les routes sont étroites. Quand vous êtes derrière quelqu'un, armez-vous de patience. En Corse, on ne compte pas en kilomètres, on compte en heures les distances. Donc voilà, là...

Même la largeur du chemin sur la carte est quelque chose de tout à fait arbitraire. Et ne parlons pas de sa couleur qui est jaune. Donc les routes ne sont pas jaunes. Donc voilà, nous sommes très rapidement dans du conventionnel. Ce conventionnel, c'est du culturel. Et la majeure partie des signes que nous utilisons sont des signes qui...

speaker-0 (17:48)

...

...

speaker-1 (18:07)

qui

sont établies en fonction d'une convention culturelle. Les signes arbitraires, j'ai commencé par ça, par votre tasse de café, puis la carte, qui est commensurable avec la réalité, mais qui comporte énormément d'éléments qui ne sont pas commensurables, et puis tous les autres. Je viens de prononcer le mot corse, ou le mot valinco. Le corse n'a rien à voir dans les sons du mot corse.

La longueur du mot corse n'a rien à voir avec l'objet corse.

Et donc les signes linguistiques sont assez fréquemment pris comme exemple parlant des signes arbitraires. On ne mange pas le mot « », on ne se promène pas dans le mot « corse », et on ne boit pas le mot « bière ». Voilà ce qu'on peut déjà dire pour situer

Le signe que j'ai choisi, comme vous m'avez demandé de choisir, j'ai beaucoup réfléchi. Et puis pour finir, j'ai pris la carte pour des raisons vraiment personnelles. J'ai toujours adoré les cartes. Et je leur parlerai peut-être un peu plus tard.

speaker-0 (19:23)

Oui.

speaker-1 (19:30)

Je lis la carte avant de me promener. me dis qu'on va passer par elle, elle, va passer par tel endroit, ça doit monter. Je la lis pendant pour ne pas me perdre. Elle dit « tiens, pour le moment, je devrais être en train de monter, je suis en train de descendre, qu'est-ce qui va pas là Je me trompais. Et puis je l'ai relis après pour me rappeler la superbe journée. Je reprends ma carte et je la relis de nouveau.

tous les endroits par lesquels je suis passé. Donc, j'adore les cartes. Comme disait Raabeau, il se disait qu'il était un enfant amoureux de carte et d'estante. suis amoureux de carte et d'estante. Alors, ces fois de confession personnelle, revenons un peu à la grammaire. La grammaire, signe, c'est quelque chose d'assez complexe. Souvent, d'ailleurs, on le trouve dans les livres, on trouve une présentation, forme de triangle où on dit voilà, il a le signifiant, le signifiant et le référent.

speaker-0 (20:28)

...

speaker-1 (20:29)

Il

se triomphe, ne tient pas debout. Le premier étudiant en linguistique, c'est que le signifiant, ce qu'on appelle signifiant, c'est deux choses très très différentes. En linguistique, on apprend à distinguer, je suis désolé de donner un petit cours d'un linguistique général à vos auditeurs.

speaker-0 (20:39)

...

speaker-1 (20:50)

on apprend à distinguer le son et le phonème. Le son, c'est un phénomène physique. peux l'enregistrer, comme vous le faites probablement, et mesurer la puissance du son, sa hauteur du son, la longueur d'un son, je le tiens. C'est un phénomène physique qui, comme tel, ne signifie rien. Mais le son est le substrat physique d'un phénomène dont s'occupent les linguistes, qui le phonème. Alors, le phonème, c'est quoi ?

speaker-0 (20:59)

J'aurais...

speaker-1 (21:21)

L'idée d'un son, c'est le modeste d'un son. Mais comment est-ce qu'on dit, dans telle langue, y a A, il y a H, il y a H. En français, par exemple, on vous dit qu'il a H. Le H fermé et le H ouvert. Mais par contre, quand vous faites de l'espagnol, on vous dit il a H. Alors, si vous fermez un peu...

que tu as été assis-tado avec un hêtre effermé, istado. Mais si français qu'on a très ouvert est-tado, c'est toujours un phonème. Donc il a deux phonèmes en français et il y en un. Et c'est donc pas du tout leur caractéristique formelle qui permet de dire ça. Ce qu'on appelle un phonème, c'est ce qui permet de distinguer.

et en français sont défouénables parce que ça me permet d'instiguer le mot « » lorsque je jette des « » sur la table et «

la définie, ou bien le D, D-A-I-S, qu'on met au-dessus d'un liable d'Aquin, ou de sa sacrement, une procession dans le rite catholique. Fait, fait, fait. J'ai fait, mais une fait qui a...

speaker-0 (22:33)

...

speaker-1 (22:41)

qui fait de la magie. Donc en français, cette petite différence de son qu'un Espagnol percevra difficilement, il devra faire des efforts pour bien percevoir, ça nous sert à distinguer fait et le fait, des, de, des, etc. C'est une rentabilité très, très importante pour distinguer l'une de l'autre les unités linguistiques du rang supérieur. Des, des, fait, fait.

Et ça c'est le phonème. Donc ce qu'on appelle le phonème, ce n'est pas un phénomène physique. C'est un phénomène que l'on déduit par une sorte d'opération intellectuelle. C'est un modèle, son. C'est une catégorie évidemment qui est manifestée par des sons physiques, mais qui n'est pas le son physique. Donc on ne pas enregistrer un phonème. Ça n'existe pas. Un phonème, n'a pas...

De longueur, le son, une longueur, mais le phonème n'a pas de longueur. Le phonème, c'est une unité distinctive et c'est comme ça qu'elle se définit. Elle définit un peu parce qu'elle n'est pas, c'est-à-dire elle se définit par l'opposition, le rapport d'opposition qu'elle entretient avec une unité voisine dans le code. Donc, finie cette petite excursus du côté de la linguistique générale pour distinguer le son et le phonème.

speaker-0 (23:44)

...

speaker-1 (24:07)

Et ça c'est pour vous dire que la notion de signifiant conduit souvent est une notion ambivalente, que tantôt on désigne le phénomène physique par là, et tantôt le modèle, tantôt ce qui correspond au phonème, tantôt ce qui correspond au son. Prenons un panneau du code de la route. Un signal sans interdit. Ce signal, il vient à nous évidemment...

speaker-0 (24:25)

grave

speaker-1 (24:35)

avec un substrat physique. Tous les signes ont un substrat physique. Il vient à nous comme un phénomène physique. C'est une forme circulaire, d'accord ? On met sur une tolle en métal. Ça peut être du fer, ça peut être de l'acier, peut être du zinc, tout genre de choses. Ce signal est circulaire, oui, mais circulaire, mais il peut être bosselé. Et si nous sommes en Corse, vous êtes sûr qu'il a des trous de balles. La signalisation routière en Corse,

speaker-0 (24:38)

...

speaker-1 (25:04)

Criblé de balles, de trop de balles. Voilà, si on le sent dans Corse, il est vraisemblable qu'elle ait trouvé. Circulaire, mais peut-être que bosselé, parce qu'un automobiliste est rentré dedans. Rouge. Circulaire, rouge. Mais peut-être qu'avec le soleil, ce rouge a été délavé. Donc, ça, ça, c'est des aspects physiques.

speaker-0 (25:12)

...

speaker-1 (25:33)

plus ou moins rose.

schéma circulaire plus ou moins circulaire, une surface plus ou moins plate, etc. Mais ça, c'est la matérialité et je l'appelle le stimulus. Stimulus, parce que c'est ça qui frappe mes sens. Et ça renvoie à un signifiant qui est un modèle, exactement comme le phonème était un modèle. Un signifiant qui était un modèle. Donc la circularité, le caractère roux.

le rapport entre le fond blanc et le caractère haut. Donc voilà. Et donc si par exemple vous vous engagez à votre voiture dans une voie interdite et que vous avez une amende, si vous allez dire au juge «monsieur, il était rosé, vous ne serez pas suivi et vous serez même peut-être condamné pour outrage à magistrat». Donc ce n'est pas parce qu'il est rosé, ce n'est pas parce qu'il a des trous,

speaker-0 (26:27)

...

speaker-1 (26:35)

qui ne correspond pas à cette espèce de modèle stable. C'est pour ça que je dis que c'est un modèle stable qui est circulaire rouge. Et ça, c'est le signifiant d'un modèle abstrait. C'est-à-dire que tous les signaux que je vais rencontrer correspondent à un modèle abstrait. Alors voilà, cette carte que j'ai sous les yeux, elle a sa marité réalité, elle a des plis qui proviennent du fait que je l'ai eu.

speaker-0 (26:42)

...

speaker-1 (27:05)

Il a des endroits où il a des tâches. Il a même des petites annotations manuscrites que je me suis étonné de retrouver en choisissant ma carte, en me disant « je vais prendre le golfe de Vanico, j'ai trouvé des notes que j'ai prises, des petites croix que j'ai mises, et ça lit la carte. Alors vous allez le lire, les autres

celles qui sont au magasin sont toutes les mêmes. Mais non, le stimulus est chaque fois quelque chose de contagiant, d'unique. C'est une expérience unique. Ça, c'est ma carte. Alors, celle qui est dans le magasin, est beaucoup plus propre. Et c'est vrai qu'elle ressemble très, très fort à une autre carte qui est dans autre magasin. Le vieux campeur à Paris, on va la trouver. Et on va la trouver, évidemment, dans la librairie de... dans les librairies d'Aiatsu.

Ajaccio, bien sûr. Ce seront des cartes physiquement différentes, même si elles se ressentent très fortes. La mienne, celle d'Ajaccio, celle du vieux campeur à Paris, sont chaque fois une expérience unique. Mais toutes renvoient au même modèle qui est l'idée de la représentation du golf de Valenco. De même que toutes les expériences des signaux

qui soit rosé ou rouge vifre, renvoie à un modèle de rouge stabilisé, une sorte de rouge idéal. Donc voilà, stimulus signifiant. Là, on est du côté de ce qu'on appelle le plan de l'expression. Mais bien sûr, une fois qu'on a ce signal rouge, il ne à rien. Il sert à quelque chose qui est de nous dire sans interdit, circulation interdite. Et là, c'est à le signifier

Il y a aussi un modèle parce que c'est un concept très général. Et ce concept renvoie à un peu renvoyé, peut être utilisé, peut être mobilisé dans une situation particulière. Je vois devant cette rue, cette voie dans laquelle je me disposerais à m'engager, je vois ce signal qui me dit que cette rue-là, elle est interdite. Donc, si vous voulez...

speaker-0 (29:32)

Euh... Si.

speaker-1 (29:34)

étions devant tableau et pas devant un micro, je vous dirais des signaux beaux carrés. Vous auriez eu en bas le stimulus, au-dessus du stimulus vous auriez eu le signifiant, et puis en face vous auriez eu au-dessus, face au signifiant, le signifiant et en dessous le référent. Alors vous voyez que dans ce carré, la base c'est le domaine du contagent. Ce sont des expériences uniques.

le stimulus, ce panneau avec sa matérialité.

sa matérialité, donc le type de métal dont il est fait et le type de rouge, et la situation de ce panneau dans un lieu dans lequel on entend réglementer la circulation. Et puis au niveau supérieur, on est au niveau des modèles, au niveau des abstractions par lesquelles il faut passer. c'est, et donc signifier référent, ça c'est le plan du contenu. Comme vous voyez,

speaker-0 (30:31)

...

...

speaker-1 (30:41)

je fais entrer le contenu, je fais entrer le référent dans le contenu. C'est-à-dire la connaissance que nous avons de la réalité dans laquelle nous sommes, qui est signifiante. Ce n'est donc pas le référent, ce n'est donc pas la chose en tant qu'elle ne signifie rien, la rue en tant qu'elle est faite de bâtiments qui eux-mêmes sont faits, de matériaux comme débris qui eux-mêmes sont faits, de molécules dans lesquels il a des atomes. Non, c'est l'objet rue tel que je...

speaker-0 (30:53)

Lelelelele

...

speaker-1 (31:10)

peut le reconnaître, c'est-à-dire qu'on forme un modèle de la rue. Donc voilà, nous faisons ici un peu de grammaire pour voir comment le signe se structure. donc certains, de même que certains linguistes peuvent être très intéressés par la phonologie, d'autres par la phonétique, les sémionaticiens, spécialistes des signes, peuvent être intéressés par le plan d'expression, par le plan du contenu.

speaker-0 (31:37)

...

speaker-1 (31:38)

par la relation qui s'établit entre le stimulus et le signifiant, etc. Il y a place pour beaucoup de monde et on peut s'intéresser à toutes ces choses-là. Une fois qu'on a démontré un peu la structure du signe, ces signes représentent toujours à nous dans des configurations complexes.

speaker-0 (31:48)

Alors, euh...

speaker-1 (32:03)

Reprenons la carte que j'ai devant les yeux. Tout à l'heure, j'ai dit qu'il y avait des jaunes bleues, c'était la mer. J'ai parlé des zones vertes qui renvoient non pas à la nature. que, assez curieusement, si les prairies sont vertes aussi, elles apparaîtront en blanc. Ici, sur la carte française, elles apparaîtront en blanc. Donc le vert est réservé aux espaces boisés. Nous avons vu qu'il donc des espaces boisés.

que certains espaces boisais sont considérés comme renvoyants à des conifères, faut être botaniste pour se servir des cartes ou bien des feuillus.

Et puis nous avons parlé des routes qui sont jaunes ici, les petites routes secondaires. Il y en a sans doute sur des morceaux que je n'ai pas sous les yeux qui ont une autre couleur. Puis il a des chemins, des petits chemins qui sont tracés sous la forme d'eau qui sont blancs. D'autres encore qui sont tracés sous la forme d'un trait continu et parfois d'un trait discontinu.

ce sont des sentiers de plus en plus petits, de moins en moins carrossables. Parfois, ces sentiers sont recouverts de rouge. Le rouge, veut dire Ah, ah, ah » C'est un itinéraire touristique. Donc, pour lire une carte, c'est aller bien au-delà de savoir que c'est l'eau, que vert, c'est les forêts. C'est de voir comment s'organisent les chemins,

speaker-0 (33:35)

bleu.

speaker-1 (33:43)

les passages d'un bois de feuillue à un bois de conifère, comment une route peut tout à coup s'arrêter et devenir un seul chemin, et un chemin de plus en plus difficilement repérable dans la nature. Donc, lire une carte, c'est...

speaker-0 (34:05)

...

speaker-1 (34:06)

connaître tout le répertoire des signes et souvent donc sur une carte on trouve le répertoire des signes. a un petit volet sur lequel on a tout le répertoire. C'est un petit peu comme si dans un roman on vous donnait un roman et on vous donnait en même temps un dictionnaire à côté. Parfois on le fait quand ça devient très compliqué, on vous la biolègique à la fin. Donc ici on vous donne les signes mais...

vous devez aussi connaître les lois d'organisation de ces signes. Donc les signes sont des répertoires, s'organisent en répertoires que nous devons prendre pour bien manipuler les signes. Donc dans la langue, nous savons qu'il a les parties du corps, nous savons qu'il y a les éléments qui sont liquides, les éléments que l'on peut consommer, souvent pas consommer. Et c'est ainsi, par exemple, que si

Je commence une phrase en disant « je bois ». Vous devez vous attendre que ça va être « je bois du café, de l'eau, du whisky ». Mais il y aura toujours comestibilité et liquidité. Alors, vous dites, on dit par exemple « le pneu Michelin boit le lobstac ». Ah Boire le lobstacle, oh là là ! Non, ce pas liquide. On est obligé de refaire… Il y a quand même un petit bug. D'ailleurs, ça s'appelle la figure de rhétorique.

on a mis en évidence qu'il un substrat anatomophysiologique, dure à quatre, il a une onde négative de 4 centièves de seconde qui se produit dans le cerveau. je l'ai mettée, je bois l'obstacle. Donc, le pneu Michelin, c'était une publicité, le pneu Michelin boit l'obstacle. Et alors, bien sûr, on voulait dire par là que c'est un pneu extrêmement solide, du liquide. Ça veut dire, c'est l'idée de faciliter.

que l'on a dans l'idée de la gestion du liquide, c'est plus facile de la gérer du liquide que des éléments solides. Et donc, au fond, le mot, on est obligé de revoir la définition du (?). Et cette redéfinition, c'est un mécanisme cognitif dont on sait aujourd'hui qu'il a une base physiologique. Il se passe quelque chose dans votre cortex au moment où c'est une onde qui dure à 4 centièmes de secondes.

qui se passe à ce moment-là. on a, je reprends le fil pour vous dire que donc, on a besoin de connaître la manière dont les, on appelle ça les paradigmes, les catégories comme liquidité, comestibilité, objet de la nature, animal, s'organisent dans ma culture et on a besoin de savoir comment ils s'organisent dans la culture pour les mettre alors...

dans des manifestations toujours nouvelles qu'on appelle des syntagmes. Je bois du café, donc je manipule boire, je manipule café, je bois de l'eau et donc j'organise tous les éléments que sont les signes. De même que cette carte, cette carte du golfe de Valinco en Corse ne ressemble à aucune autre carte puisque nous sommes dans un univers où il a de l'eau, où il y a une...

speaker-0 (37:10)

...

speaker-1 (37:30)

Côte extrêmement déchiquetée. Le côté déchiquetée est signifié par des petits dessins. On a l'impression qu'on a des rochers. où des signes conventionnels nous disent, qu'on appelle les courbes de niveau, ils tout à fait conventionnels, nous disent que nous avons des reliefs extrêmement accusés. Et donc, utiliser une telle carte, c'est lire une telle carte, c'est savoir mettre tout ça en même temps. il faut, pour avoir une compétence, ses mieux-titres.

pouvoir maîtriser les paradigmes et les règles stigmatiques. Et parce qu'il a des règles, évidemment. Je ne peux pas dire boire café du je, en français. Je bois du café. ⁓ on a évidemment beaucoup de latitude, comme dans toutes les langues. Les langues sont souples. Mais en même temps, il a les règles. Et si je dis...

speaker-0 (38:07)

...

⁓ et...

speaker-1 (38:26)

café, boire, jeu », ce pas une phrase française. Les mots sont françaises, mais ce pas une phrase française. Elle ne respecte pas les règles stastigmatiques. Donc voilà, nous avons fait un peu de grammaire, grammaire des signes.

speaker-0 (38:39)

et...

speaker-1 (38:41)

Maintenant, faut revenir à question que j'ai déjà touchée, évidemment, qui est à quoi ça sert, à quoi ça sert les signes. Donc on était parti.

la définition des anciens. Voilà. Nous avons beaucoup parlé de la grammaire des signes, comment ils se structurent, comment ils s'organisent dans des paradigmes, dans des syntagmes. On aurait pu aller plus loin en disant que dans la vie, nous sommes toujours dans des émissions de signes qui sont... Quel est mot qu'on utilise pour ça ?

speaker-0 (39:18)

...

speaker-1 (39:26)

plusieurs codes sont toujours mobilisés ensemble, multifactoriels, etc. Donc ici, par exemple, vous avez une carte de géographie avec des signes proprement géographiques, mais il a en même temps de la langue. Tous les lieux sont indiqués. est dans... Et de même, lorsqu'on parle, Guist isole la langue.

Parce que pour régner certains problèmes, il vaut mieux diviser. Mais en fait, quand nous parlons, a les mimiques, il a les postures, il a les gestes, tout ça fait partie de la même communication. Donc les cartes sont aussi multifactorielles, pluricodiques si vous voulez. Alors, à quoi servent les signes ? Il faudrait peut-être faire un grand excursus.

pour voir d'où vient le sens. Comment est-ce que le sens, parce que la semiotique on dit que c'est la science des signes, serait plus exact de dire que c'est la science du sens. J'adonne du sens à l'environnement qui est autour de moi. Je dis ceci est une tasse, ceci est un téléphone. Avant même de se servir de ces objets comme outorts de signes, ils pas de téléphone peut-être.

speaker-0 (40:43)

...

speaker-1 (40:53)

peut être le signe d'une originalité, ou bien le signe de la richesse, tu as ce modèle-là, il coûte très cher. Avant même, il y a le fait que nous donnons du sens à notre environnement. Et ça, ce phénomène est très important.

très important pour la survie des individus, la survie de l'espèce. Il s'agit de donner du sens.

speaker-0 (41:18)

...

speaker-1 (41:21)

sur quoi porte notre regard. L'expérience est multiple, elle va dans tous les sens. Donc il faut que nous puissions la discipliner et par exemple catégoriser l'expérience. C'est comme ça que nous disons il a les chaises, il les tables, y a des êtres humains, etc. De même, je ne pas moi, la grenouille, elle catégorise aussi, il ne pas croire que c'est seulement Kant et Aristote qui font des catégories. La grenouille, se jette sur tout.

speaker-0 (41:29)

Bye !

speaker-1 (41:50)

tout ce qui ressemble à une mouche. Elle n'a pas besoin de les connaître individuellement par leur prénom. Tiens, c'est la mouche machin, la mouche prugmal. » Non, elle a catégorisé, elle connaît l'abstraction mouche et elle se jette, elle s'assurvie. Et liée à ça, il faut pas qu'elle hésite. Donc il faut que nous ordonnions le désordre du monde à travers le sens que nous lui donnons. Et bien justement, c'est à ça que serve le signe. Donc d'une part, nous économisons pour créer le sens.

Mais en même temps, nous servir du sens, nous sommes aussi dans une démarche d'économie.

speaker-0 (42:27)

...

speaker-1 (42:29)

Le signe n'est pas la chose. On l'a dit en commençant notre entretien. La carte n'est pas le territoire. Mais ça me permet de mobiliser le territoire facilement. Si je ne pas au bas du géomètre, je vais la mesurer. Donc, j'ai les pieds dans la terre. Je me suis mouillé peut-être en mettant à genoux. Mais je vais faire une carte. À partir de ça, je vais faire une carte et c'est cette carte qui va me servir.

à partir de là pour dire il a autant de mètres carrés, a ce champ à partir à Monsieur Untel, le champ voisin à partir à Monsieur Untel. Donc, ça nous permet de manipuler les choses en leur présence ou en leur absence. Si je vois la photo de quelqu'un que j'aime, cette personne est loin et puis voilà, je peux regarder sa photo tous les jours.

speaker-0 (43:04)

...

speaker-1 (43:29)

En quelque sorte, je manipule la personne à travers un substitut qui me sert, qui va être l'objet de mon regard. Et donc, j'ai une certaine économie parce que, vous comprenez, ce pas dangereux. Par exemple, je crois que c'est Gulliver dans Les voyages de Gulliver ».

speaker-0 (43:32)

Heu... A vert !

speaker-1 (43:54)

Il y a un chapitre où on explique qu'il y a une population où pour parler des choses, il faut les montrer. Par exemple, si vous voulez parler d'un cheval, il faut montrer un cheval. Si vous parlez d'un écu, il montrer un écu. Vous imaginez, si vous devez parler de mille écus, j'aimerais avoir mille écus, il faudrait que vous monocliez. Ça peut être dangereux. Si vous parlez d'un tigre, il faut amener un tigre. Donc, avec les signes...

Manipuler les choses dans leur absence. peux dire, tel pays produit autant de tonnes de blé sans devoir mobiliser les tonnes de blé. On a les chiffres qui représentent des quantités, on a le mot blé qui représente une catégorie très très générale. peut, avec cette démarche d'abstraction et de modélisation qui est à l'origine du signe, on peut donc manipuler.

les choses en leur absence ou en leur présence. C'est ce que je fais avec la carte.

Je manipule la Corse en son absence, on est très loin de la Corse, il y a très longtemps que je n'ai plus mis les pieds en Corse. Mais en la regardant dans la carte pour préparer notre entretien, j'ai manipulé la Corse de manière abstraite et à distance. dis « ah oui, a ça ». Et puis, quand je descendais de la route qui vient depuis le Belvédère pour aller faire les courses à Propriano,

speaker-0 (45:18)

...

speaker-1 (45:24)

Prouperia, encore, oui, ça descendait et puis ça devenait plat. Donc je manipule à distance.

speaker-0 (45:34)

...

speaker-1 (45:36)

une représentation mentale de la Corse que la carte me permet de faire. Mais quand j'y suis, cette carte va me permettre de prévoir où je vais mettre mes pieds. Attention, ça va monter. Là, il faut s'y reprendre un deux fois. Ou bien il est temps d'avoir pris de l'eau parce que ça va chauffer. Là, je vais pendant 3-4 kilomètres, ce ne serait pas à couvert. Il n'y aura pas d'arbres. Le soleil va cogner.

speaker-0 (46:05)

...

speaker-1 (46:05)

je peux manipuler les choses de manière économique.

Et donc de manière économique, à n'importe quel moment. Le signe est disponible tout le temps. Je vous ai dit que quand je...

speaker-0 (46:22)

...

speaker-1 (46:23)

les quelles cartes me servaient, je les lisais avant, pendant et après. Avant, en l'absence du paysage, pendant, au moment où je suis dans le paysage, et après, au moment où je me souviens de la randonnée qui a été faite. Et alors, c'est ce qui est intéressant, et ça, va peut-être me permettre de revenir à quelque chose qui est l'origine de ces « d'où est-ce qu'ils viennent ? » Non seulement à quoi ils servent, mais d'où est-ce qu'ils viennent ?

speaker-0 (46:43)

...

speaker-1 (46:54)

Peut-être avant de des origines, continuons encore avec ce à quoi ils servent pour dire que les usages peuvent être extrêmement variés. Rappelez-vous que tout à l'heure, je vous disais qu'il y avait des tas de types de cartes différentes. La carte du marin, ce n'est pas la carte du géomètre parce que le réter n'est pas le même. Le géomètre veut mesurer les surfaces, le marin, lui, il veut prendre des capes. Il n'utilisera pas la même carte. Et j'ajoutais l'utilisateur du métro.

speaker-0 (47:08)

speaker-1 (47:23)

l'utilisateur du métro, il se fiche des capes, il se fiche des surfaces, mais lui ce qui l'intéresse, c'est l'ordre des stations. Je dois descendre à telle station et j'ai encore cinq stations avant d'y arriver. Donc, c'est une carte aussi, c'est une transformation aussi. Tout à l'heure, j'ai parlé de la projection, j'ai parlé de l'échelle comme type de transformation.

Voilà, c'est une forme de transformation qu'on appelle la transformation topologique. Elle ne conserve que des caractéristiques extrêmement larges, qui est la succession des points et la concentricité, qui est les stations sont souvent représentées par une petite boule et ça indique au fond son caractère fermé.

speaker-0 (47:58)

large

Voilà.

speaker-1 (48:11)

On n'a retenu que cela. Donc on retient les signes, on les structure toujours en fonction d'un certain type d'usage. Et c'est ce qui fait que quand les gens, on a des gens qui se fusquent, comment ? T'as le mot nouveau qui apparaît, c'est un anglais si, c'est bel, trouve le français souillé. Mais non, il y a eu des besoins nouveaux et donc on est à rechercher des signes nouveaux. Certains besoins, certains signes ne servent plus à rien, on les abandonne. Exactement.

comme si j'ai cessé de bricoler, je peux jeter mon marteau ou l'offrir à quelqu'un. Savoir que les signes existent, leur structure est là en fonction des usages auxquels on les destine, indique un peu quel est leur structure. a un rapport entre la structure des signes et leurs usages.

Et souvent la semiotique ne met pas ces choses-là en évidence. Elle ne veut pas voir, par exemple, que les signes sont réellement des outils. C'est des outils, un marteau. Alors c'est des outils de papier, ils servent aussi comme les marteaux, comme les tournevis ou comme le fusil qui était aussi, ou l'astronaume musique qui sont chaque fois des outils.

speaker-0 (49:26)

Euh...

Alors, euh...

speaker-1 (49:39)

Maintenant, comment est-ce qu'on les crée et justement quelles sont l'origine des signes ? bien, on crée des signes toujours par des opérations intellectuelles de modélisation, je vous l'ai dit, à partir du stimulus, je dégage le signifiant. Mais on peut s'imaginer ceci, c'est que parfois on est intéressé, je prends un exemple, on voit un objet,

speaker-0 (49:45)

Heu...

...

speaker-1 (50:09)

Je vois un objet, il est rouge, il est lisse, ça va être une tomate, quelque chose comme ça. Mais ce qui m'intéresse, c'est est-ce qu'il est comestible ? Alors la comestibilité, est-ce qu'il est juteux ? En le regardant, je ne sais pas. Donc c'est une caractéristique interne.

Dans la mesure où j'ai longtemps l'expérience répétée de la combinaison de ces propriétés rouges sphériques, juteux, comestibles, je les fais à plusieurs fois. Et là, il y a aussi un sustrat anatomophysiologique. On appelle ça le traitement parallèle distribué. Donc, reconnais, ce qui fait que je reconnais même une tomate quand elle est verte, même si la tomate prototypique est rouge.

Même si elle est écrasée, donc elle a cessé de sphérer, je continue à dire sa tomate parce que le modèle de la tomate. Mais dans ce modèle, il y a des phénomènes qui sont immédiatement visibles, sphéricité rouge, mais c'est par un travail d'inférence que je dis comestible et juteux. Donc, c'est deux qualités différentes à l'intérieur du même objet.

En quelque sorte, les indices que j'ai parlé du, c'est toujours deux qualités d'un même objet. Donc j'ai eu une rencontre de la tasse sur la table. Il y a la tasse elle-même. Il y a son support qui a laissé des traces. Et donc je fais le lien, je fais un lien d'inférence entre la trace.

speaker-0 (51:39)

...

speaker-1 (51:59)

liquide qui est sur la table et l'objet tasse. voilà, une première manière de créer des signes, c'est de s'entraîner à voir qu'il y a des qualités différentes dans un même objet et à créer des affaires. Mais parfois, nous pouvons aussi voir la même qualité dans des objets différents. Si vous avez une tomate et une photo de tomate,

Ce sont des objets différents. La photo est plate. Vous avez la sphéricité qui sera de l'un côté, mais de l'autre, comme il y aura une projection. Cette sphéricité sera représentée par une circularité et la couleur rouge. Deux objets différents, mais avec une même qualité. Ce sont les signes motivés par commensurabilité.

speaker-0 (52:36)

et

speaker-1 (52:59)

C'est notre capacité à... La base du sens, c'est bien l'extraction dans le monde par notre expérience, l'extraction de qualité et le fait d'isoler des objets. Ça devrait expliquer très longuement comment naît la notion d'objet, mais ça nous emmènerait trop loin. Donc ce que nous faisons, c'est repérer les qualités, repérer les objets et donc faire des inférences, faire des liaisons entre...

des qualités à l'intérieur du même objet, plusieurs qualités différentes à l'intérieur du même objet ou bien la même qualité dans les objets. Si nous savons faire des rapports entre des qualités différentes dans le même objet, la même qualité dans les différents, nécessairement nous pouvons faire un cas plus loin et postuler qu'il peut y avoir des qualités différentes dans des objets différents. Et ça, c'est le signe arbitraire. Et donc,

la naissance des signes. Et d'ailleurs nous pouvons voir que sur le phylogénétique, c'est plutôt dans les domaines du vivant. Les animaux sont très... même les bactéries sont des cémioticiens. Mais ça commence par le repérage de qualité fait, différents dans l'un objet.

speaker-0 (53:59)

Uuuuh...

...

speaker-1 (54:21)

La lecture des indices est très forte, mais à certains nombres d'animaux, on a même de reconnaître même qualité dans des choses différentes, des icônes, des signes commensurables comme ceux de la carte. Et c'est beaucoup plus difficile pour eux de manipuler les signes de la troisième catégorie, signes arbitraires, sinon sous la forme du dressage.

speaker-0 (54:33)

Grrrr

...

speaker-1 (54:49)

Mais ce n'est pas réellement les mêmes circuits qui fonctionnent que chez l'être humain où il a une espèce de grande sophistication. Mais chez Zimbon, il a une sophistication très forte aussi. Il y a des synarmiques très russes, les abeilles non plus. La danse des abeilles, c'est un exemple de grande sophistication. Voilà tout ça pour vous dire donc que... c'est par là que nous allons conclure.

speaker-0 (55:07)

...

que si

speaker-1 (55:20)

Et

on sait que les signes sont extrêmement différents parce qu'ils servent à des choses extrêmement différentes pour des personnes extrêmement différentes. Et rappelez-vous que nous sommes partis de là. Le signe est quelque chose qui est mis à la place de quelque chose d'autre, d'autre au jeu de quelqu'un pour servir à quelque chose, comme les situations dans lesquelles nous sommes que le besoin de survie. Je suis très arouinien de ce point de vue-là.

Les conditions de survie sont extrêmement différentes. Il faut s'attendre à ce qui est des signes extrêmement différents. On a vu qu'il y a des grandes catégories, mais qu'à l'intérieur même de ces catégories, les signes varient dans l'espace, dans le temps et dans la société. Ils varient dans l'espace. J'ai ici sous les yeux une carte française, mais je suis...

beaucoup plus souvent face à une carte belge puisque je vis en Belgique. Elles sont toutes deux au 25e. Les courbes de niveau, c'est les mêmes, mais je reconnais tout de suite une carte française. Le vert n'est pas le même. Ce n'est pas le même vert.

speaker-0 (56:34)

pour... Léhé

speaker-1 (56:36)

Les

courbes de niveau qui indiquent l'altitude, les reliefs dans la carte française sont reliées par des zones plus sombres qui semblent indiquer que ce sont des ombres. Je ne pas les ombres sur la carte belge. Je sais tout de suite que je suis dans la carte française. Donc, ça varie dans l'espace. Ça varie dans le temps. J'ai mis du temps en vente.

d'accepter de me servir des cartes au 25e belge parce qu'avant j'étais habitué à des cartes au 20e. Alors, n'y pas que le... C'est à cause de l'OTAN qu'on est tous devenus 25e. C'est les armées, je vous hésite que les cartes, sert à faire la guerre. Non, non, donc les armées de l'OTAN ont voulu qu'il y ait des choses et que les lieux principaux soient écrits de manière presque phonétique, parfois.

au mépris de la langue locale. Ici, par exemple, les mots sont écrits en français et pas en corse. Sauf quand on est dans un alors là ça sera écrit en corse. Puntà di campomorù Voilà, mais le village avait en français campomorù.

speaker-0 (57:44)

...

...

speaker-1 (57:55)

Donc ça varie dans le temps, dans l'espace, ça varie dans le temps, il des évolutions. Comme je vous l'ai dit, on abandonne les signes qui ne nous servent plus à rien. Et nous créons des nouveaux signes lorsque des besoins nouveaux se présentent à nous. Ça varie dans la société aussi. Et ça ne nous diva pas en général. On dit qu'il a le français, ou qu'il a la photographie, ou qu'il y a la peinture, mais il est évident qu'on ne se sert pas de la langue.

speaker-0 (58:00)

...

...

...

speaker-1 (58:24)

à tous

les niveaux de la société. On ne se sert pas de la photographie de la même manière. Si vous allez dans la petite bourgeoisie, les photos, ce sera une tête de cheval, ça sera une barque sur la plage. Mais si vous achetez une photo très chic,

speaker-0 (58:32)

...

...

speaker-1 (58:50)

Ce sera comme... Voilà, il a une exposition de Gerhard Trichter pour le moment. ce sera les photos comme traitées, comme récits à réciteurs, ou bien avec une photo d'usine aujourd'hui extrêmement piquée. Donc les signes varient dans l'espace, le temps de la société. Et ça, c'est un des domaines que la sémiotique a très peu exploré jusqu'à présent. C'est une de ses tâches noires. Elle a beaucoup étudié les systèmes comme s'ils étaient un.

on dit la peinture, la photographie. Alors on fait des analyses de textes évidemment, des analyses d'objets. On vous la met. La variabilité des signes est un peu mise entre parenthèses exactement comme le caractère utile. les signes.

connaissent, et les grammaires des signes connaissent, d'énormes variétés. dans l'espace, variété dans le temps, variété dans la société, car ne sont pas les mêmes d'un pays à l'autre. Les plans de ville non plus, par exemple, êtes aux États-Unis ou au Canada, on présente les villes toujours avec des traits simples. On n'a pas besoin de mettre des traits larges ou des traits étroits. Oui, tout est large, facile, tout est large, donc on n'a pas besoin.

speaker-0 (1:00:03)

...

speaker-1 (1:00:12)

Donc ça varie dans l'espace, ça varie dans le temps. Une carte du XVIIIe siècle ne ressemble pas une carte quasiment illégible pour nous. Et ça varie dans la société, est un phénomène que souvent passe au silence. Car en effet, les signes nous servent aussi à nous distinguer dans la société. a une manière de parler, manière de se meubler, qui indique la classe sociale à laquelle vous appartenez.

speaker-0 (1:00:34)

...

speaker-1 (1:00:40)

et donc les différences sociales se marquent aussi par des différences sémiotiques. Et donc ce sont les choses que la sémiotique, comme discipline, a relativement laissé de côté. C'est une sous-discipline de la sémiotique qui est encore en gestation, qui serait la socio-sémiotique.

speaker-0 (1:00:43)

Uhhh...

...

speaker-1 (1:01:04)

Le métro sociométhique aujourd'hui, c'est souvent comment est-ce que les textes parlent de la société, mais ne met pas en avance, il met pas en évidence le fait qu'une stratification décode, c'est miontique d'un côté, et qu'il est à mettre en regard la stratification sociale de l'autre. Ça, ce serait une vraie, c'est un sociométhique. Donc ce sont des choses qui sont un peu laissées de côté.

De même qu'on a beaucoup laissé de côté ce qui est en avance des sens. On peut voir comment on construit le sens à partir de l'expérience. ça, c'est une semiotique cognitive s'est développée au cours des dernières années et qui a permis de mettre ça en avant. Mais comment est-ce que le sens retourne au monde en transformant le monde ? On l'a relativement peu mis en évidence. Ou bien sûr, il a une discipline

Linguistique, on l'appelle à pragmatique, une grande école de sémiotique porte le nom de pragmatique aussi, la sémiotique persienne. Mais elle n'envisage guère que les actes proprement langagiés. Et elle ne voit pas comment les signes finissent par avoir un output directement de la réalité. Si on crie « feu », il y aura toujours bien quelqu'un qui, avec son doigt, va tirer sur la gâchette.

speaker-0 (1:02:30)

Hé !

speaker-1 (1:02:30)

Et le feu, c'est pas seulement un acte de langage qui a un ordre comme conséquence, le fait qu'il y a une balle tirée et éventuellement une mort au bout de ça. Donc voilà, je plaide pour une sémiotique extrêmement large qui serait incarnée puisqu'elle prendrait en compte cette variabilité et qu'elle prendrait en compte cette corporalité puisque le sens vient de notre expérience corporelle et retourne vers le monde de la réalité.

speaker-0 (1:02:41)

...

speaker-1 (1:02:59)

pour le modifier.

speaker-0 (1:03:14)

Très beau cadeau. Merci beaucoup.